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Le Chesnay - Rocquencourt Commune nouvelle

La rue Julien Poupinet

Julien Poupinet, le maire de la guerre

Il est un ancien maire que la plupart d’entre nous connaissons, au moins de nom, et qui a un lien tout particulier avec les Chesnaysiens qui habitent à Parly 2 ( qui, d’une certaine manière, habitent chez lui ! ) : il s’agit de Julien Poupinet, maire de 1913 à 1925. Issu d’une ancienne famille agricultrice du Chesnay et propriétaire de la ferme du Chesnay ( à ce titre, il possédait à peu près le quart du territoire actuel de la ville, essentiellement des terres agricoles ), il entre au conseil municipal en 1903 à la faveur d’Eugène Dufétel, maire républicain de gauche. A l’issue des élections municipales de 1912, il est élu maire et remplace Dufétel qui a souhaité se retirer pour raisons d’âge et de santé. Il deviendra conseiller général de Seine-et-Oise sept ans plus tard, et ce jusqu’en 1928.
Ses années d’administration correspondent à une période d’expansion démographique du Chesnay, la population s’accroissant de plus de 10% à une époque où la population française diminue elle de près de 3%. Les raisons de cette dynamique de la ville sont à chercher dans l’émergence de ce nouveau Chesnay que sont les quartiers de la rue de Versailles ( côté ville de Versailles ), le plateau Saint Antoine ainsi que tout le quartier de la rue de Glatigny. Et de cette dynamique découlent une bonne santé financière de la ville, la création de réseaux d’assainissement, et même de transports avec la ligne de tramway Versailles-Saint Germain qui traverse Le Chesnay. Surtout, les mandats de Julien Poupinet seront marqués par la Grande Guerre qui va marquer la ville et bouleverser considérablement le fonctionnement des communes. Deux membres du conseil municipal sont mobilisés, deux autres – dont Julien Poupinet lui-même – perdront un fils lors de cette guerre.

Julien Poupinet, comme tous les maires de France, se transforme alors en super-gestionnaire pour le compte de l’Etat tout-puissant et représentant de ses administrés auprès de la Préfecture. Aides aux associations portant secours aux blessés, aux femmes de soldats et de prisonniers, aux veuves et orphelins de guerre… Le budget de la commune est largement réorienté vers ces nouvelles priorités de guerre. Julien Poupinet doit également organiser le rationnement et la distribution des tickets alimentaires. Il a enfin d’importantes missions pour assurer l’ordre public : la recherche des déserteurs, le contrôle des informations qui pourraient sortir de la commune sur le nombre de ses fils morts au combat, les familles belges réfugiées dans la commune, le contrôle des naturalisés Français d’origine allemande ou autrichienne : tout passe par lui. Enfin, un 11 novembre 1918, les combats cessent. Et Julien Poupinet comme Le Chesnay peuvent enfin tourner une page douloureuse. La ville et son maire portent le deuil des plus de 150 combattants morts pour la France. Le maire pleure celle de son fils : Julien, tombé sur le front de la Somme, et qui laisse derrière lui une veuve et deux orphelines...

Un monument aux morts est construit, grâce à la souscription de l’ensemble de la population. Il est d’ailleurs intéressant de voir que tous, du plus petit au plus fortuné, contribuèrent à son financement. Julien Poupinet fit évidemment partie de ces généreux donateurs. Il est bien le monument commémoratif d’une population qui l’espace de quelques années, a mis tout différent politique, religieux ou social de côté pour la seule défense de la France menacée de destruction.
La politique reprend ses droits… Et dans un Chesnay dont la population est encore marquée politiquement à gauche ( gauche en déclin depuis déjà de nombreuses années ), un Julien Poupinet viscéralement anti-communiste, Républicain conservateur et Chrétien assumé ne peut que se créer de solides inimitiés à gauche…Notamment chez les instituteurs de la ville avec lesquels il est en conflit quasi-permanent. Il est battu aux municipales de 1925, à la surprise générale, et se retire progressivement de la vie publique : il quitte le Conseil Général de Seine-et-Oise en 1928.
En partant, Julien Poupinet fit un ultime cadeau à la commune : ses deux petites-filles, Madeleine et Suzanne Poupinet, orphelines depuis la mort de leur père dans les tranchées de la Somme en 1918, hériteront de la ferme et des champs du Chesnay. Qu’elles cèderont dans les années 1960 à un promoteur qui y construira Parly 2. La vente avait été soumise à une condition : la construction de l’église Notre Dame de la Résurrection. Les Poupinet… Une famille qui a accompagné les deux grandes phases d’expansion de notre ville !

Sources : Les Annales du Chesnay – 2006
Archives du Chesnay : registres des délibérations de 1911 à 1925
Archives du Chesnay : fond Monument aux morts