Sages-Femmes : un rôle majeur pour la santé des femmes

À l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes (8 mars), Laurence Raimon et Daphné Cavé, sages-femmes au Chesnay-Rocquencourt, nous livrent leur vision d’un métier entièrement tourné vers l’accompagnement de leurs patientes.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

Daphné : Je suis de la génération Urgences (série télévisée diffusée en France de 1996 à 2009 qui met en scène un service d’urgences dans un hôpital américain). Très jeune, j'avais envie de travailler dans le milieu médical et, dès l’origine, d’être infirmière. Ma mère m’a guidé plus spécifiquement vers le métier de sage-femme. Vers 14-15 ans, elle m’a montré des documentaires qui ont fini de me convaincre. 

Laurence : Moi aussi, jeune, je voulais m'occuper des gens. Donc, la médecine me semblait être la bonne voie. J'appréhendais la maladie et le fait d’y faire face toute la journée. Je ne savais pas si j’en serais capable. En choisissant celui de sage-femme, je me suis dit qu’on accompagnait plus la vie que la mort. 

Quelles sont vos missions ?

Daphné : Cela commence avec les jeunes filles dès leur puberté.
Nous répondons aux questions qu'elles peuvent se poser sur leur cycle, les douleurs, la contraception ou la prévention des infections sexuellement transmissibles. Nous jouons aussi un rôle majeur dans la santé des femmes que nous accompagnons tout au long de leur vie gynécologique. Y compris au-delà de la ménopause puisque nous faisons de la prévention et du dépistage du cancer du sein et de celui du col de l'utérus. 

Laurence : Nos patientes ont souvent un gynécologue qui les suit de manière régulière, au moins une fois par an. Notre travail est complémentaire au leur puisque si elles ont une douleur ou un doute, elles viennent nous voir. 

Au-delà de l’accompagnement de la femme enceinte, on a l’impression que l’on vous cite assez peu ?

Daphné : C’est vrai. Nous sommes les grandes oubliées de la prévention. Beaucoup de femmes ignorent encore qu'être sage-femme, c'est aussi faire des suivis gynécologiques. Sauf peut-être les nouvelles générations qui, avec les réseaux sociaux, se tiennent un peu mieux au courant.

Laurence : Les généralistes constituent de bons points d’appui. Ils informent les femmes que nous sommes tout à fait compétentes dans ce domaine.

Vous devez aussi faire preuve de solides qualités d’écoute ? 

Laurence : C’est le propre des métiers de santé. Chaque patiente est unique et son cas particulier. Bien entendu, certains actes médicaux sont un peu automatiques pour nous comme, par exemple, de prescrire plusieurs fois par semaine, la pilule. Mais il faut savoir rester à l’écoute de chacune des femmes.  

Daphné : Dès le début de cette profession, on a parlé d’accompagnement donc nous devons rester en éveil par rapport aux besoins de nos patientes. La prise en charge psychologique est inhérente à notre métier même si nous accomplissons des actes plus techniques. 

Aujourd’hui, vous exercez en cabinet après avoir passé de longues années à l’hôpital. Expliquez-nous ?

Laurence : Je possède une longue expérience puisque j’ai commencé dans les années 2000. Ma carrière hospitalière a duré une vingtaine d'années et je m’y suis particulièrement épanouie par rapport à des moments forts vécues avec les patientes. Mais j’avais une petite frustration de ne pas pouvoir les suivre sur le long terme. Donc, je suis en cabinet depuis deux ans. 

Daphné : Avec Laurence, nous avons été collègues durant de nombreuses années à l'hôpital. On avait envie, toutes les deux, de changer un petit peu notre façon d'exercer. Et de se rapprocher de notre domicile dans les Yvelines. 

Parlez-nous d’une rencontre qui vous a particulièrement marquée ?

Laurence : Je pense à un cas à l’hôpital, un peu avant mon départ. La situation était très compliquée avec une maman qui accouchait d'un grand prématuré. Nous n'étions pas sûrs que le bébé puisse vivre. Le couple et nous-mêmes traversions plein d’émotions. J'ai gardé un lien important avec ces personnes et, au final, la petite fille va vraiment très bien. Une de mes premières patientes dans le cabinet a été la grand-mère.

Elle n'avait pas besoin de suivi mais a pris rendez-vous avec moi juste pour me dire merci alors que je ne l’avais jamais rencontrée. 

Daphné : J’ai aussi vécu cette situation très émouvante. Mais je ne peux pas dire que j’ai eu LA rencontre qui marque à jamais. Mais, je me dis chaque jour que nous avons la chance de rentrer le soir à la maison et d'avoir toujours envie de recommencer à se lever le lendemain. J’aimerais transmettre cette énergie positive à mes enfants.