Lieutenant-Colonel Sébastien Frémont

Sapeur-pompier depuis 38 ans, ce lieutenant-colonel des pompiers yvelinois, expert en prévention, nous livre des conseils sur les risques liés aux incendies des batteries électriques au lithium.

Vous êtes un pompier très expérimenté et le Monsieur Prévention du SDIS. Expliquez-nous ?

En effet, je suis basé à l’état-major et j’occupe les fonctions de chef du Groupement  Prévention pour les Yvelines. Ma carrière a débuté, il y a 32 ans, dans ce département que je n’ai jamais quitté et où j’ai gravi les échelons de sapeur-pompier  professionnel, de sous-lieutenant en 1992 au grade de lieutenant-colonel aujourd’hui. 

Votre message consiste à alerter sur les risques d’inflammation des batteries lithium ?

On trouve ces batteries lithium partout. Dans les véhicules électriques, les trottinettes, les vélos et même les vapoteuses. Les moyens de mobilités dits de mobilité douce ou les nouveaux véhicules électriques individuels peuvent comporter des risques. Un feu de batterie peut s’avérer très dangereux.

Comment se caractérise-t-il ?

Un feu de batterie lithium arrive sans prévenir. Il peut être soudain et très violent. Une fois que le phénomène est initié, on ne peut pas l’éteindre sauf avec les moyens des pompiers. C’est extrêmement fumigène avec des fumées très toxiques et qui sortent de la batterie sous pression avec un jet de flamme.

Quels conseils donner aux utilisateurs ?

De faire très attention et surtout ne pas acheter n’importe quoi et à n’importe quel prix. Il faut choisir son produit avec soin et éviter d’acheter des batteries en ligne sur des sites discount qui sont, certes, trois ou quatre fois moins chères que les batteries d’origine, mais aussi trois à quatre fois moins fiables. Et souvent assemblées avec des éléments de moindre qualité.

Y a-t-il d’autres dangers ?

Oui. Qui dit batterie dit recharge et donc danger potentiel. Il faut notamment veiller à ne pas se retrouver coincé dans son propre logement et de ne pas laisser sa batterie branchée devant la seule issue qui permette de sortir de chez soi. L’autre facteur important, c’est de limiter les risques de chocs, notamment ceux qui pourraient endommager l’enveloppe de votre batterie puis les composants internes. Lesquels peuvent ensuite provoquer une surchauffe. En cas de choc ou déformation, il vaut mieux la changer.

Il faut pourtant bien les recharger…

Dans un monde parfait, il ne faudrait jamais charger les batteries lithium de nuit, quel que soit le véhicule qu’elles alimentent et surtout pas à l’intérieur d’un logement où les gens sont endormis. D’ailleurs, au sujet des incendies à domicile, j’en profite pour rappeler qu’il est obligatoire d’avoir un détecteur de fumée chez soi. L’idéal pour recharger, c’est d’avoir une cave sécurisée. Sinon, pour les trottinettes, le mieux c’est encore de les mettre sur le balcon et de les éloigner de toutes sources ou matériaux potentiellement inflammables. Ce n’est pas négligeable, car je me souviens de deux incendies de ce type, l’an dernier, qui auraient pu être graves avec deux batteries de trottinettes électriques qui se sont enflammées. Heureusement, c’était en pleine journée. 

Revenons-en à votre activité de chef du groupement Prévention. En quoi consiste-t-elle ?

Principalement à étudier et rendre des avis dans le cadre des commissions de sécurité pour la totalité des établissements recevant du public. Nous agissons sur les permis de construire, les projets d’aménagement, mais aussi dans le cadre de la protection contre les risques d’incendie des bâtiments collectifs d’habitation. 

Le volume des dossiers à traiter est-il important ? 

Oui, car on traite environ 2000 dossiers par an pour la partie étude de plans et vérification des règlementations. Le deuxième volet consiste en la visite des établissements en exploitation. Celles-ci se chiffrent à 1100 pour 2023. Et pour parvenir à assurer toutes ces missions, je suis à la tête d’un groupe constitué de 27 sapeurs-pompiers préventionnistes aidés de 6 personnels administratifs.

Et vous intervenez au Chesnay-Rocquencourt ?

Bien sûr. On visite les établissements recevant du public avec les élus de la commune comme tous les autres du département, que ce soient les hôpitaux privés et publics, le cinéma de Parly 2, le centre commercial et ses grandes enseignes, les restaurants, mais aussi les lieux de culte de la ville et les écoles.