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Le Chesnay - Rocquencourt Commune nouvelle

Yannick Provost, "Écrire, c'est comme un addiction"

Cet écrivain chesnaycourtois vient de sortir un nouveau polar, « Fini de jouer ». Avec ce cinquième livre depuis 2020, il s’affirme et veut continuer de surprendre son public.

D’où vient votre passion pour la littérature ?

Je crois que j'ai toujours aimé lire et, rapidement, l'envie d'écrire mes propres histoires est née. Simplement, je pense qu'avant la quarantaine, je prenais ça comme un hobby. Il m'a fallu comprendre que c'était un vrai métier.

Qu’est-ce qui vous a fait franchir le cap de lecteur à auteur ?

Il y a quelques années, j’ai eu un cancer. Quand ça vous tombe dessus, une chose résonne très vite : il faut vraiment profiter de la vie. Il était grand temps pour moi de faire ce que j'avais vraiment envie de faire. À ce moment-là, j’avais un livre tout prêt et je discutais avec un éditeur. Il m’a publié. Écrire, c’est comme une addiction. C’est devenu impératif.

Comment qualifieriez-vous votre écriture et votre style ?

Je n’ai pas de style à proprement parler puisque j'aime changer de registre pour ne pas m'ennuyer et ne pas ennuyer le lecteur. J’ai écrit des polars, un récit résilient dans lequel un chien raconte le combat contre la maladie de son maître. Mon prochain livre sera un roman d’aventure. Tant que les deux éditeurs, avec qui je travaille, me suivent dans mes délires, tout va bien.

Justement, comment s’est passée votre rencontre avec eux ?

J'ai été blogueur pendant longtemps et j'ai fréquenté divers salons. J'avais des relations amicales avec les auteurs. Et puis, un jour, je me suis dit que ce que je proposais n'était pas si déconnant. J’ai contacté la maison Lajouanie pour lui faire lire mon manuscrit et avoir un retour. Depuis, je travaille avec eux pour mes romans noirs.  Pour mon deuxième éditeur, c’est différent. Mon roman Jazzy the dog a fait le tour des maisons parisiennes avant d’atterrir chez un éditeur lyonnais qui a été séduit par le fond et la forme de l’histoire.

L’an dernier, vous recevez le prix du polar normand pour Je ne me souviens plus très bien. Qu’est-ce que cela représente ?

Bien sûr, cela flatte l’égo. Mais au-delà de la reconnaissance, je l’ai pris comme une assurance. Je ne suis plus seulement quelqu’un qui écrit des livres. Avec cinq romans publiés et un prix, je peux dire que je suis un auteur.

Pouvez-vous nous parler de votre processus d’écriture ?

Je n'ai pas besoin de cadre. N’importe quel endroit me convient. J’aime bien avoir un bruit de fond, sans pour autant être dérangé. Afin de capter l’énergie autour de moi. J'écris tous les jours, ou presque. Comme je l’ai dit, c'est une addiction. Ça commence avec un petit cahier sur lequel je note des idées. Une première phrase ou des premières pistes et, après, je commence à avoir un personnage qui en entraîne un deuxième, puis un troisième. C'est sans arrêt. De toute manière, une idée pousse l'autre. Ce qui explique peut-être que pour l'instant, j'arrive à produire un roman par an.

Poussez-vous vos recherches assez loin ?

Oui, bien entendu. Pour mon prochain livre, que je viens tout juste de commencer, j’ai déjà 20 pages sur mon ordinateur, en plus du cahier mais je vais approfondir, faire des recherches, des interviews. Ensuite j’écarte des idées, j’en approfondis d’autres puis je finis par tenir un début d’histoire. Je vérifie la logique temporelle, puis je commence à élaborer une certaine mécanique. Puis c’est parti pour l’écriture à proprement parler. à la fin, je peux réécrire des passages en fonction de certains retours que l’on me fait.

Comment vient votre inspiration ?

Chacun de mes livres vient d’une histoire que j’ai lue ou que l’on m’a racontée, d’un moment, d’une émotion. Cela vient de partout, de quelque chose qui m’énerve ou au contraire, d’une chose dont j’ai envie de parler.  Pour mon premier récit, Tu joues, tu meurs, j'en avais marre de me faire battre aux jeux vidéo par mes enfants. Donc il a fallu que j’introduise des ados dans le livre et que je les fasse se confronter à un univers de thriller.

Et quand vous êtes lancé, quelle place laissez-vous à une idée qui arrive subitement ?

C’est très contradictoire. Parfois, une petite lumière s'allume. Parfois pas. Souvent, il m’arrive de ne pas aimer ce que je fais. Je prends deux chapitres et les détruit en me disant « C'est de la daube ». Puis je recommence. L’exemple type d’une inspiration subite, c’est pour Jazzy the dog. J’écris un premier manuscrit puis je le balance à la poubelle. L'histoire commençait par « je ».
C'était larmoyant. J'avais mon chien, Jazzy, près de moi, qui me regardait. Au moment de jeter le manuscrit, je me suis dit : « Le truc est bien, mais ce n’est pas le bon personnage. Il faut que ce soit mon chien qui raconte cette histoire ». Cette petite lumière qui s’est allumée soudainement m’a valu trois mois de boulot à tout reprendre.