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Le Chesnay - Rocquencourt Commune nouvelle

La rue du Général Exelmans

Chesnaysien d’un jour…

Le Général Exelmans, Chesnaysien d’un jour…
Une rue une histoire remonte aujourd’hui le boulevard du Général Exelmans et traverse sa place. A noter d’ailleurs que comme pour Leclerc, notre ville semble occulter que ce brave général fut élevé par la suite à la dignité de Maréchal de France, gardant le grade qu’ils avaient lorsque leur destin leur fit croiser notre ville de près ou de loin. La vie ne destinait pourtant pas Rémi Exelmans à passer par notre ville… Né en 1775 dans une bonne famille bourgeoise de Bar-le-Duc, ce Lorrain vit pourtant son destin prendre une toute autre tournure un 6 septembre 1791. Ce jour-là, délaissant ses études, il s’engagea dans le 3ème bataillon des volontaires de la Meuse commandée par Oudinot, un autre barisien promis à un avenir tout aussi glorieux.

Aux portes du royaume, la guerre grondait à mesure que la menace d’une invasion prussienne grandissait. Et la Révolution encore vacillante s’apprêtait à entrer dans un conflit de dix ans. Mais les cadres de l’armée étaient bien clairsemés, vidés de nombreux aristocrates partis en exil. Les guerres de la Révolution puis de l’Empire marquent alors une formidable opportunité de carrière pour de braves et méritants soldats du rang, amenés à combler le vide laissé par ces officiers. Exelmans en fait partie.

Campagne d’Italie, Wertingen, Austerlitz, Iéna, la campagne d’Espagne la Moskowa…
Cavalier émérite, Exelmans a traversé presque tous les champs de bataille et y a laissé de nombreux chevaux tués sous lui. Fait prisonnier en Espagne, il est extradé en Angleterre dont il s’évade avec un compagnon en traversant la Manche sur une barque. Chef d’escadron en 1803, il est colonel en 1807 et général de brigade en 1807 puis général de division en 1814 lors de la bataille de la Moskowa. Repéré par le maréchal Murat, il entre à son service comme aide de camp brièvement en 1807 puis en 1811. Mais lorsque la brouille entre Murat (devenu roi de Naples) et Napoléon se fait jour, il préfère rejoindre la Grande Armée pour participer à la désastreuse campagne de Russie de 1812 puis aux campagnes de 1813 et 1814 qui marquent le recul constant des troupes impériales en Europe puis en France même.

La première abdication de Napoléon en avril 2014 permet le retour des Bourbons et de Louis XVIII sur le trône de France.
Soucieuse de s’attacher les anciens cadres de l’Empire, la première Restauration maintient à Exelmans son grade et le titre de comte accordé par l’Empereur. Elle le nomme également à l’inspection générale. Pourtant, resté en contact avec Murat à Naples et détesté du Ministre de la Guerre Soult, Exelmans est mis en accusation, destitué de l’inspection générale et contraint à demeurer chez lui, dans la Meuse. Poursuivi et fait prisonnier, il est finalement acquitté et peut revenir à Paris. C’est là qu’il apprend le 1er mars 1815 le débarquement de l’Empereur déchu (et le début des Cent Jours) à Golfe Juan. Il se précipite le 19 mars à Saint-Denis où il n’a aucun mal à retourner contre le roi les anciens soldats et officiers de l’Empire que la monarchie entendant faire marcher contre Napoléon. Il faut dire qu’en licenciant une grande partie de l’armée (pour couvrir les dettes de l’Empire et les indemnités de guerre), la Restauration s’est fait autant d’ennemis jurés... Ayant fait arborer le drapeau tricolore sur le palais des Tuileries, abandonné par une famille royale en fuite vers la Belgique, il peut y accueillir l’Empereur le lendemain.

La guerre reprend, dernier sursaut de l’Empire.
Et Exelmans contribue, sous la direction du maréchal de Grouchy, à la victoire de Ligny le 16 juin. Le surlendemain, alors qu’ils croient poursuivre l’infanterie prussienne (en réalité un petit détachement), Exelmans et ses hommes entendent au loin la canonnade de Waterloo. Ses adjurations envers Grouchy de changer de route et de porter appui à l’Empereur restent lettre morte : l’absence de Grouchy en renfort sur le flanc droite des armées de Napoléon va ainsi s’avérer décisif pour l’issue de la bataille de Waterloo.

Désormais, la défaite est certaine et partout, les armées françaises reculent et se délitent, repoussées toujours plus loin par un ennemi en surnombre. Pourtant, Exelmans et ses troupes sont pourtant en bon ordre. C’est ainsi que le 30 juin, Exelmans apprend que les Prussiens sont entrés et s’apprêtent à camper dans Versailles. Ce mouvement obéit à une logique d’encerclement progressif de Paris pour pousser le gouvernement provisoire à capituler sans conditions. Saisissant l’opportunité de prendre l’ennemi par surprise, Exelmans partage ses forces en trois colonnes pour l’encercler. Il prévient également la garde nationale de Versailles de fermer les grilles des octrois, au Nord, pour que la ville se transforme en nasse…

Au matin du 1er juillet, deux colonnes arrivées de Bourg-la-Reine et Chatillon via Vélizy surprennent l’ennemi par l’Est et par le Sud de Versailles. Submergés, les Prussiens fuient en désordre vers le Nord-Ouest par les actuels boulevard du Roi et boulevard Saint Antoine. Les grills de la ville n’ont pas été fermées : la municipalité versaillaise, monarchiste, avait la veille accueilli prudemment les Prussiens pour éviter tout pillage.

Les Prussiens remontent ensuite, toujours dans un grand désordre, par la route de Saint Germain jusqu’à Rocquencourt. Là, ils sont pris en embuscade et taillés en pièce par la dernière colonne, arrivée de Ville d’Avray. Les fuyards s’éparpillent dans les champs du Chesnay où ils sont harcelés par la population jusqu’à la ferme de Poupinet où les derniers soldats, acculés et cernés, se rendent. Sur les 1 500 hussards pris au piège, 1 000 à 1 100 sont hors de combat ou prisonniers, dont leur chef le Colonel Eston Von Sohr.

Ainsi se termina la célèbre bataille de Rocquencourt, dernier combat victorieux de l’Empire.

Le soir-même, Exelmans espéra rallier un corps d’infanterie à Marly… Ce sont en fait 5000 soldats ennemis qu’il devait y rencontrer. Replié à Versailles puis à Viroflay, il retourna le lendemain occuper Arcueil et Montrouge où il reçut la nouvelle de l’Armistice le 3 juillet.

Et les Chesnaysiens ? Qu’allaient-ils devenir après ce dernier haut fait d’armes achevé sur leur sol ?
Notre ville, comme Rocquencourt, Vélizy et même la complaisante Versailles durent subir et payer chèrement les conséquences de cette victoire. Dès le lendemain de la bataille de Rocquencourt, les Prussiens étaient de retour à Versailles, plus nombreux et surtout directement menés par leur impitoyable chef, le feld-maréchal Blücher ! Ce fut une journée de pillage, d’assassinats et de viols. Les Chesnaysiens en furent relativement épargnés grâce à l’interposition courageuse de Jean-Baptiste Caruel. Propriétaire richissime et influent, maire et châtelain du Chesnay, lui seul put tenir tête et faire reculer les Prussiens. Dure et chère victoire…

Que devait devenir Exelmans, après cette escapade chesnaysienne ?
Cette fois-ci, Exelmans était définitivement et irrévocablement compromis aux yeux de Louis XVIII et de sa famille, de retour pour une seconde Restauration du trône. Replié avec ses troupes à Riom, c’est de là-bas qu’il est contraint à l’exil, toujours plus loin : de Bruxelles à Liège, puis de Liège à Nassau.

En 1819, pourtant, sa femme puis lui sont autorisés à rentrer en France. Discret sur ses fidélités, il est rétabli dans le cadre de disponibilité pour l’Etat-Major la même année et promu inspecteur général de la cavalerie en 1828. Cette clémence des Bourbons ne sera pas payée de retour. Toujours fidèle à ses convictions, Exelmans tente de jouer un rôle lors des journées révolutionnaires de 1830.

Arrachant une mission d’interposition entre l’armée et les émeutiers parisiens à qui il doit annoncer la démission du ministère, mesure censée calmer et apaiser les tensions, il n’est pourtant pas reconnu des seconds ! Dans une nation jeune, le souvenir de généraux de Napoléon qui n’étaient pas du tout premier cercle s’est bien estompé… Il n’en est pas moins fait Pair de France par Louis-Philippe, nouveau roi des Français. Désormais libre de parole, il tente d’obtenir l’annulation des lois d’exil contre la famille Bonaparte. Mais ces prises de position ne vont pas jusqu’à soutenir la tentative de coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte à Strasbourg en 1836.

Celui-ci ne lui en tiendra pas rancune. Elu président de la République par la toute jeune Seconde République en décembre 1848, le désormais prince-président Louis Napoléon Bonaparte le nomme Grand-Croix et Grand-chancelier de la Légion d’Honneur en 1849. Suprême honneur, il est élevé à la dignité de Maréchal de France le 10 mars 1851. Dignité dont il ne profita guère : il mourut d’une chute de cheval un an plus tard, en juillet 1852.