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Le Chesnay - Rocquencourt Commune nouvelle

La rue de Glatigny

à la recherche d’une seigneurie disparue

Avec son bon kilomètre de longueur, la rue de Glatigny est la deuxième plus longue de notre ville. Elle fait référence à l’un des lieux-dits les plus anciens de la plaine de Versailles, la seigneurie de Glatigny. On retrouve sa trace dès 1209 lorsque sa dame, une certaine Pétronille de Glatigny fait don de terres chesnaysiennes appartenant à la seigneurie à l’abbaye de Saint Germain des Prés, dont relevait justement notre ville.
Aux XIVème et XVème siècles, elle est la propriété d’une famille des Essarts qui gravite autour des rois Valois, puis jusqu’en 1675 de la famille Briçonnet, également hauts dignitaires du royaume. Proche de la capitale des monarques capétiens puis valoisiens, elle attire en effet les grands commis d’Etat.

En 1675, elle est rachetée par Louis XIV, pas encore définitivement installé au château de Versailles. La même année, il acquiert les seigneuries de Marly, de La Celle, du Chesnay et de Bougival qu’il intègre dans le domaine du parc. Celle de Glatigny est mise à disposition de Madame de Montespan, maîtresse royale qui fait édifier par Jules Hardouin-Mansart le fastueux château de Clagny à la limite nord de l’étang, à l’endroit où se situe aujourd’hui la gare de Versailles Rive Droite. Le parc boisé de Glatigny va ainsi être annexé au parc de Clagny. Clagny passe ensuite à l’enfant adultérin de Louis XIV et de Madame de Montespan, le duc du Maine jusqu’à sa démolition en 1769 : coûteux d’entretien, le château gênait le développement du bourg de Versailles.

Saisi par la Révolution, le manoir de Glatigny passe à la famille Gondouin puis à celle des Fourcault de Pavant ( dont un des membres sera député de Seine-et-Oise ). Les terres sont quant à elles progressivement alloties pour bâtir de belles villas ou encore l’école Saint Jean de Béthune. Le manoir devient en 1899 propriété des Petites Sœurs des Pauvres avant de disparaitre définitivement.

A quoi ressemble Glatigny ? C’est une seigneurie relativement vaste… Elle s’étend de l’actuel parc Sans-Souci à la rue des Missionnaires à Versailles et de la rue de Versailles au Chesnay jusqu’à la seigneurie de Jardies ( Jardy ) qui s’élève sur la colline de Saint-Cloud. Elle est constituée d’un solide manoir adossé à la colline de Saint Cloud qui a disparu depuis 2005. A sa place s’élève aujourd’hui la nouvelle maison de retraite des Petites Sœurs des Pauvres. Tout autour s’étendent de nombreuses terres, jardins et vergers ainsi que le gigantesque étang de Clagny.

Les nombreux vergers et peupleraies qui recouvrent les terres chesnaysiennes sont une explication des noms arboricoles de certaines rues qui donnent sur notre rue de Glatigny : rue des peupliers, rue des acacias, rue de la pépinière… La seigneurie avait également son hameau, vraisemblablement au niveau de la Place Laboulaye, à cheval sur les communes actuelles de Versailles et du Chesnay. Elle comptait une dizaine de foyers ( une petite centaine de personnes ), ce qui indique une relative importance. Selon les époques, on a pu y trouver un boulanger, un cordonnier et une taverne.

Sources : Histoire du diocèse de Paris contenant les paroisses et terres du doyenné de Châteaufort – Volume 7 – Abbé Lebeuf – 1762
Versailles, Histoire, dictionnaire et anthologie – sous la dir. De Mathieu da Vinha et Raphaël Mason – 2015
Les annales du Chesnay – n°27 – 2013