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Le Chesnay - Rocquencourt Commune nouvelle

La rue Louis Pelin

Un maire révolutionnaire

La rue Louis Pelin est l’une des plus anciennes du Chesnay. Elle menait du petit bourg historique du village au château de Beauregard (aujourd’hui disparu) et rend hommage à Louis Pelin, premier maire connu du Chesnay. Connu car l’institution des maires remonte, bien avant la Révolution, au lointain Moyen-Âge. Mais il faut attendre 1787 pour que soit instituée une municipalité dans chaque paroisse. En 1789, les communes sont officiellement substituées aux paroisses et désormais dirigées par un maire élu au suffrage censitaire. Le Chesnay a peut-être connu d’autres maires avant Pelin et la Révolution, mais nous n’en avons pas trace.

C’est dans ce tout nouveau cadre que Louis Pelin est élu maire du Chesnay fin 1789 ou début 1790. A dire vrai, il n’est pas inconnu : âgé de 53 ans, célibataire, ce natif de Soissons habite au Chesnay depuis sept ans. Il est qualifié de « propriétaire » et exerce une charge d’ « officier de la Reine » à Versailles. Curieusement, son nom n’était pas apparu parmi les signataires des cahiers de doléances adressés au roi par les Chesnaysiens ( comme tous les Français ) en 1788. Dans cette période d’effervescence révolutionnaire où tous font assaut de civisme et de profession de foi révolutionnaire et citoyenne, la plus importante tâche du maire Pelin est de mettre sur pied la garde nationale, milice à laquelle sont astreints tous les citoyens du Chesnay. 70 hommes… pour deux fusils ! Qu’on a d’ailleurs acheté en vendant préalablement quatre arbres appartenant au roi et gracieusement offerts par lui. Rapidement impopulaire, peu utile et mal armée, la garde nationale tombe en désuétude : on se plaint des patrouilles de nuit (peu à peu abandonnées), du mauvais entretien du corps de gardes et de celui des deux fusils. Ces derniers sont d’ailleurs remplacés par des hallebardes...

Entre temps, les guerres révolutionnaires ont plongé la France dans une tourmente de vingt-cinq ans. La Nation est en danger et un appel aux volontaires est lancé dans toutes les communes. Louis Pelin obtient en 1792 l’enrôlement de dix jeunes Chesnaysiens qui s’ajoutent aux deux partis l’année précédente. On construit également un nouveau lavoir pour remplacer l’ancien ( que la construction du Petit-Trianon avait asséché ). On embauche un tambour pour battre la caisse à chaque annonce….

Louis Pelin ne se représente pas lors des élections de décembre 1792 et cède la place à Morin. Confortablement installé dans la grande maison qu’il s’est fait construire rue de Versailles ( aux numéros 67-69 ), on le revoit en 1794 président de la société populaire du Chesnay ( sorte d’association de propagation du culte révolutionnaire ) puis assesseur du juge de paix pour Le Chesnay. Il s’installe en 1810 à Versailles et quitte ainsi la vie politique chesnaysienne.

Finalement, que reste-t-il de la Révolution au Chesnay ?

Comme un peu partout, les Chesnaysiens en attendaient ( cela figurait dans leurs cahiers des doléances ) une baisse de la pression fiscale par suppression de la taille et de la gabelle, le droit d’éliminer le gibier ( qui pullulait dans le parc royal et endommageait les cultures ), la lutte contre l’arbitraire des agents royaux ( surtout les garde-chasse) , et évidemment une nouvelle constitution. Si nouvelle constitution il y a eu, la pression fiscale n’a pas baissé, bien au contraire. Les guerres y sont pour une grande part. Après l’abandon de sa charge par le curé jureur Damas, l’église du Chesnay est transformée en temple républicain en 1793 avant d’être abandonnée. Surtout, l’abandon de Versailles sonne la fin des libéralités royales, voisinage parfois encombrant mais le plus souvent accommodant : on s’adressait directement au roi qui était seigneur d’une grande partie du Chesnay. Par ailleurs, le soin qu’il prenait des pauvres de Versailles et des environs disparaît avec lui et les municipalités doivent apprendre à trouver en elles-mêmes les ressources pour les aider.

Cet éloignement du pouvoir avec la chute de la monarchie et l’abandon de Versailles ( et de toute cette vie économique qui foisonnait autour du château ), conjugué aux guerres révolutionnaires et impériales, provoquent le déclin de la population du Chesnay. En trente ans, Le Chesnay perd ainsi un quart de sa population.

Sources : Le Chesnay : un peu d’histoire et quelques récits, Xavier Delorme
Annales du Chesnay, 1995 : Louis Pelin, premier maire du Chesnay, par Jean Brunet
Annales du Chesnay, 1989 : La garde nationale du Chesnay (1790-1791), par Jean-Louis Berthet
Annales du Chesnay, 2008 : Le Chesnay sous la Révolution, par Denis Michel-Dansac
Annales du Chesnay, 2005 : La maison de Louis Pelin, par Denis Michel-Dansac
Le Chesnay jadis et aujourd’hui, Emile Houth