La rue Caruel de St-Martin
Il est rare qu’une rue rende hommage à deux personnes, encore moins à deux maires ! C’est pourtant le cas de la rue Caruel de Saint Martin.Car derrière Caruel de Saint Martin, on retrouve Jean-Baptiste Caruel de Saint Martin, le père, maire du Chesnay de 1813 à 1821.
Une famille de Normands installés au Chesnay sous Napoléon
Une rue pour deux maires
Il est rare qu’une rue rende hommage à deux personnes, encore moins à deux maires ! C’est pourtant le cas de la rue Caruel de Saint Martin.
Car derrière Caruel de Saint Martin, on retrouve Jean-Baptiste Caruel de Saint Martin, le père, maire du Chesnay de 1813 à 1821.
Et Paul, le fils, maire de notre ville de 1848 à 1869.
Les Caruel sont une vieille famille aisée de Normandie. Et le moins qu’on puisse dire est qu’ils ont une belle longévité, traversant sans mal les changements de régime du XIXe siècle !
Jean-Baptiste Caruel, une fortune née de la Révolution
Si Jean-Baptiste naît en 1757, il n’en est pas pour autant un homme de l’Ancien Régime.
Avocat au Parlement jusqu’à la Révolution, cette dernière va faire sa fortune !
En 1791, la Convention supprime la ferme des tabacs, monopole d’Ancien Régime sur le tabac.
Jean-Baptiste s’associe à son oncle et son cousin Robillard pour lancer une manufacture dans ce secteur libéralisé.
L’affaire du tabac et l’ascension impériale
En 1800, ils rachètent l’Hôtel de Longueville, siège de l’ancienne ferme des tabacs, avec son mobilier.
Délogés par Napoléon en 1806 pour construire le Carrousel du Louvre, ils s’installent à l’Hôtel d’Augny, donnant leur nom au tabac qu’ils produisent.
Leur fortune est amplifiée par les campagnes révolutionnaires et impériales : leur tabac se vend bien aux armées.
Jean-Baptiste devient l’un des hommes les plus riches du nouvel Empire, actionnaire de la Banque de France, et fait partie des fameuses « 200 familles ».
Un homme de pouvoir et de patrimoine
Il multiplie les acquisitions : hôtels particuliers à Paris, château de Launay à Villiers-le-Mahieu, ferme de Favreuse à Bièvres, et surtout le château du Grand Chesnay en 1802.
L’une de ses premières décisions : faire reconstruire l’église Saint Germain, en ruine, hors du parc du château. L’église actuelle date de 1805.
Nommé maire du Chesnay par décret impérial en 1813, il épouse à 50 ans Alexandrine-Modeste de Saint-Martin, une aristocrate créole.
En 1818, il obtient le droit d’accoler le nom de sa femme au sien : il devient Jean-Baptiste Caruel de Saint Martin.
Il décède en 1847. Il était également l’oncle du peintre Théodore Géricault.
Paul Caruel, héritier et homme politique
Paul Caruel de Saint Martin n’est pas entrepreneur comme son père, mais polyglotte : il parle anglais, allemand, arabe, persan et hindoustani.
En 1848, il devient maire du Chesnay et conseiller général de Seine-et-Oise.
Il est élu député en 1852, puis réélu en 1857 et 1863, avec l’appui du Ministère de l’Intérieur.
En 1857, il épouse la fille du Préfet de Seine-et-Oise.
Un retrait au bon moment ?
En 1869, Paul ne se représente pas. Les législatives sont remportées par les bonapartistes progressistes et républicains.
Son rival Barthélémy Saint-Hilaire est élu député.
La même année, il quitte la mairie après 21 années d’administration.
C’est sous son mandat que la nouvelle mairie est installée au 1, place Dutartre.
Un pionnier du monde mutualiste
Paul Caruel de Saint Martin est aussi le premier président, de 1854 à 1874, des « Ménages Prévoyants », première mutuelle de France fondée à Versailles.
Il s’éteint à Paris en 1889, après avoir traversé six régimes et en avoir servi deux.