L'avenue Jeanne Léger
L’avenue Jeanne Léger symbolise à elle seule la fin d’une époque et le commencement d’une autre.Elle fait aussi partie du club des rues de notre ville qui portent le nom du propriétaire des terrains sur lesquels elles ont été percées.
Du parc à la ville
L’avenue Jeanne Léger symbolise à elle seule la fin d’une époque et le commencement d’une autre.
Elle fait aussi partie du club des rues de notre ville qui portent le nom du propriétaire des terrains sur lesquels elles ont été percées.
La vente du Grand Chesnay
En 1890, la propriété du Chesnay est vendue par les héritiers de Paul Caruel de Saint Martin (rappelez-vous, ce député-maire polyglotte de notre ville).
Elle est alors démembrée :
- La ferme et les nombreuses terres sont cédées aux Doidon, puis passent aux Poupinet.
- Le château est vendu à Maurice Sigismond Sulzbach, banquier francfortois.
Une femme au destin singulier : Jeanne Léger (née Piégu)
Jeanne Léger avait d’abord épousé son cousin Louis-Paul Piégu, copropriétaire et directeur du journal Le Petit Parisien, alors rival du Petit Journal.
Après son décès soudain en 1888, elle épouse Louis Ernest Léger en 1891.
Mère de cinq enfants issus de ces deux unions, elle s’installe à Bueil (Touraine) durant la Première Guerre mondiale et y laisse un souvenir fort en s’engageant auprès des enfants et en finançant la salle des fêtes de la commune.
Le retour au Chesnay
Veuve une seconde fois en 1905, elle rachète en 1922 le château du Grand Chesnay aux enfants de Sulzbach, probablement pour quitter Paris sans trop s’éloigner.
Mais les temps ont changé :
- La fortune héritée ne suffit pas à entretenir la demeure.
- La baisse des rendements agricoles, la dévaluation du franc et le blocage des loyers instauré en 1918 rendent la situation intenable.
Le parc se dégrade, les façades se détériorent.
La naissance de l’avenue Jeanne Léger (1925)
Face aux difficultés, une solution est trouvée : en 1925, sept hectares du parc (sur vingt-cinq) sont lotis au nord et à l’ouest du château.
Des maisons y sont construites, bordant une nouvelle voie : l’avenue Jeanne Léger.
Elle est doublée au nord par l’avenue du Parc et reliée par l’avenue du Château et l’avenue du Chesnay.
Mais cela ne suffit pas : en 1932, le château est vendu à l’industriel breton Pierre Aubert.
La transformation finale : l’hôpital Mignot
Cinquante ans plus tard, la partie Est du parc est arasée pour accueillir le nouveau centre hospitalier de Versailles, remplaçant l’ancien hôpital Richaud, devenu vétuste.
Une avenue témoin d’un monde disparu
L’avenue Jeanne Léger est ainsi le témoin d’une époque révolue : celle des grandes propriétés agricoles dont la rentabilité décroissante n’a pas suffi à préserver les demeures qu’elles entouraient.
Elle incarne aussi l’engloutissement progressif de fortunes dans le maintien de ces vastes domaines avant leur démembrement inévitable.