Carl Guignon - « L’enseignement, la formation, le partage : c’est ce qui m’anime »
Il a grandi au Chesnay-Rocquencourt avec une idée en tête : devenir ingénieur aérospatial. En passant par ISAE-Supaéro, école de référence de l’aéronautique, HEC et Polytechnique, il découvre une vocation : transmettre et s’engager. À seulement 25 ans, Carl Guignon se lance dans la formation à l’intelligence artificielle (IA), tout en préparant l’agrégation de mathématiques… entre autres.

Quel a été votre parcours ?
Je suis originaire du Chesnay, où j’ai grandi et étudié à Blanche-de-Castille jusqu’au collège. Après le divorce de mes parents, je suis parti en Normandie. Je voulais initialement travailler dans l’aérospatial, en ingénierie ou en recherche. C’est ce qui m’a conduit à intégrer l’ISAE-Supaéro à Toulouse, une école d’ingénieurs de référence. Mais c’est là que j’ai découvert le monde associatif et l’entrepreneuriat, ce qui a un peu changé la donne.
Quel a été ce « virage » vers l’IA, l'entrepreneuriat et l’éducation ?
Il s’est fait par étapes. En école, j’ai commencé à m’investir dans les associations, et j’y ai découvert le goût de l’initiative, les projets, l’impact local. Ça m’a beaucoup inspiré. À côté, l’éducation m’a toujours tenu à cœur. Cela fait dix ans que je donne des cours particuliers, j’ai toujours adoré transmettre, notamment les mathématiques. J’ai donc voulu tout allier : la technique, la pédagogie, et l’impact. C’est comme ça que j’ai lancé un premier projet d’outil d’IA. En parallèle, j’ai développé une activité de formation à l’IA, d’abord pour les enseignants, puis pour les entreprises, les médiathèques et les collectivités.
Pourquoi ce choix de carrière, alors que l’IA ou l’aérospatial offrent des salaires bien plus élevés ?
C’est un choix de sens. Après certains événements personnels, j’ai remis en question mes priorités. J’ai réalisé que je voulais un métier qui me passionne, qui ait un impact. Je ne veux pas passer mes journées derrière un écran à coder. L’enseignement, la formation, le partage : c’est ce qui m’anime. Et je suis conscient que je rogne sur un salaire plus confortable, mais ça me convient parfaitement. Je préfère avoir un équilibre de vie, du sens, et la liberté de mes choix.
Comment avez-vous eu un déclic pour l’IA ?
J’avais quelques bases grâce à mes cours de machine learning en école d’ingénieur. Mais le vrai déclic, ça a été l’arrivée de ChatGPT fin 2022. Comme beaucoup, j’ai été frappé par ses capacités. Je me suis plongé dedans, j’ai creusé. À HEC, j’ai commencé à imaginer des usages éducatifs, des projets concrets, et c’est là que j’ai réellement investi ce terrain.
Pourquoi, selon vous, est-il si important de former à l’IA aujourd’hui ? Est-ce que tout le monde devrait être concerné ?
Idéalement, oui. L’IA est une révolution technologique, comme l’a été Internet, le téléphone, voire la voiture ou le Fordisme à l’époque. Elle transforme notre manière de travailler, d’apprendre, de créer. Mais au-delà de l’usage, il faut comprendre un minimum ce qui se passe derrière. Pourquoi une IA peut se tromper ? Pourquoi hallucine-t-elle parfois ? Quels sont les biais, les limites, les enjeux éthiques et environnementaux ? Pour les générations qui arrivent, c’est une compétence de base.
Vous avez aussi une fibre associative forte, d’où vient cet engagement ?
En école, j’ai été très actif dans la vie associative, notamment dans des pôles solidaires où on gérait des questions de harcèlement, de précarité étudiante, d’addictions, de handicap. J’ai aussi lancé un projet de sensibilisation à l’écologie, qui a été repris depuis chaque année. Même aujourd’hui, je reste engagé, notamment avec l’association 2tonnes sur les enjeux environnementaux, et je continue à donner des cours particuliers, parfois gratuitement, selon les situations.
Transmettre et d’enseigner a toujours été présent en vous ?
Je pense que cela vient de mon éducation. J’ai grandi avec des valeurs des valeurs de solidarité, de partage. Et j’ai aussi eu la chance d’avoir une excellente scolarité, notamment à Blanche-de-Castille, où certains enseignants Ont compté énormément pour moi. Je me rappelle de mon enseignante de CP, Madame Messe… Elle m’a marquée à jamais. C’est cette chance que j’essaie de transmettre à mon tour.
Et dans 5 ou 10 ans, où vous voyez-vous ?
J’espère que d’ici un an ou deux, j’aurai l’agrégation. Mon objectif est d’enseigner en lycée, voire en classe prépa, tout en poursuivant mes formations à l’IA en parallèle. Dans cinq à dix ans, je me vois dans cette double posture : professeur de mathématiques et formateur IA. Un pied dans l’éducation publique, un pied dans l’innovation pédagogique.