André - Michel Ventre - « Servir, c'est ce qui me motive »
Avec plus de 40 ans dans la police nationale, un engagement syndical constant,
et en tant que responsable local de la Société des membres de la Légion d’honneur, André-Michel Ventre incarne le service, la transmission et l’engagement républicain.
Comment décririez-vous votre parcours ?
Je crois qu’on peut résumer ça en un mot : servir. C’est ce qui motive n’importe quel policier, du gardien de la paix jusqu’au di-recteur général. Servir nos contemporains, assurer leur sécurité, être là quand ils en ont besoin. C’est un engagement profond, un fil rouge, une manière d’être. C’est comme ça que je conçois ma place dans la société.
Votre carrière policière a été récompensée, était-ce un objectif ?
Je n’ai jamais vu ma vie professionnelle comme une source de récompense. Ce n’était pas une course aux distinctions. C’est un métier, je l’ai exercé avec sérieux. Il m’a passionné. J’ai eu la chance d’avoir une carrière riche, variée, parfois difficile mais toujours vivante. Et parfois, je pense que j’y serais encore si mon statut ne m’avait pas obligé à partir à 65 ans.
En 2002, vous recevez la Légion d’honneur. Comment cela se passe-t-il ?
L’annonce m’a été faite par Michel Gaudin, directeur général de la police nationale. Il m’a dit : « Le ministre de l’Intérieur a souhaité vous faire inscrire dans l’ordre national de la Légion d’honneur ». Et vous êtes donc reçu comme chevalier. Mais personne ne sait jamais vraiment pourquoi on est choisi. C’est un peu mystérieux. Je ne sais pas pourquoi j’ai été distingué à ce moment-là.
Et quand vous l’avez reçue, quel a été le sentiment immédiat ?
Ce sont des sentiments mêlés. Je ne m’y attendais pas. J’ai pensé que cela arrivait pour des raisons qui m’avaient échappé, peut-être pour des choses que j’avais faites sans les mettre en avant. Mais étais-je fier de moi ? Non, pas vraiment. Je me suis juste dit que je n’ai pas fait que des bêtises dans ma vie. J’ai pensé à mes parents, surtout à mon père. Je me suis dit que, quelque part, il aurait été fier de moi.
Vous devenez alors membre de la Société des membres de la Légion d’honneur ?
Non, ce n’est pas automatique. À l’époque, la grande chancellerie transmettait les promotions à la Société, qui vous envoyait une lettre de félicitations… et une invitation à rejoindre l’association. Je me souviens que je n’ai répondu de suite. Mais j’ai dit oui par curiosité. Mais honnêtement, je ne savais pas ce que c’était, ni à quoi elle servait, ni comment elle fonctionnait.
C’est donc plus tard que vous vous impliquez davantage ?
Oui. En 2011, j’ai été promu officier de la Légion d’Honneur. C’est là que j’ai fait la connaissance réelle, humaine, concrète, de la Société des membres de la Légion d’honneur. Jusqu’ici, c’était juste des courriers. À partir de ce moment, je m’y suis investi, j’ai voulu comprendre son fonctionnement, son utilité, et surtout comment je pouvais y contribuer utilement.
Quelles sont les missions principales de la Société ?
C’est de participer au rayonnement de l’ordre. De rappeler que les valeurs portées par la Légion d’honneur sont des valeurs intemporelles, universelles, qui ne se démodent pas. Ce sont des repères pour nos concitoyens, une boussole morale. Les mots inscrits sur la médaille, sont « Honneur et Patrie ». Et il y a l’entraide : à l’origine, c’était une société d’entraide des décorés.
Comment cette entraide se manifeste-t-elle concrètement aujourd’hui ?
Par des actions concrètes. Notamment dans le soutien à l’apprentissage. Au lycée Jean-Moulin, on forme des jeunes à des métiers difficiles mais essentiels. Chaque année, la Société récompense plusieurs lauréats. Cette année, j’ai accompagné quatre jeunes dans les salons de la préfecture des Yvelines. On montre à ces jeunes que leur travail est reconnu, qu’ils comptent, qu’ils peuvent réussir, peu importe leur parcours ou leur origine.
Vous évoquez aussi souvent la mémoire. Quelle place tient-elle ?
C’est un des volets fondamentaux de nos missions. Entretenir la mémoire du sacrifice de nos aînés, leur rendre hommage. Je me souviens d’une cérémonie ici au Chesnay, autour de la mémoire de Pierre Clostermann, un grand nom. Ces moments permettent de transmettre l’Histoire, de faire comprendre aux jeunes généra-tions ce que d’autres ont sacrifié pour la liberté dont nous jouis-sons aujourd’hui.
La transmission des valeurs vous tient-elle aussi à cœur ?
C’est fondamental. Nous menons actuellement une opération pour implanter un drapeau à l’école Paul-Langevin. L’objectif, c’est de montrer aux enfants que le drapeau tricolore n’est pas juste un tissu qu’on agite pendant un match de football. Il raconte une histoire, un héritage. C’est un outil pédagogique, un moyen d’éveil-ler les consciences au civisme, au respect des institutions, à la citoyenneté.