José Fallot : « Les rencontres sur scène m’inspirent »
En pleine préparation de son cinquième album, le directeur artistique de l'association Jazz au Chesnay Parly 2 (JACP), musicien accompli et chef d'orchestre, nous livre son parcours musical et sa vision du jazz.
Comment avez-vous découvert la musique, et plus particulièrement le jazz ?
C’est venu assez tôt. Mes grands-parents paternels travaillaient dans un théâtre parisien (NDLR : la Gaîté Lyrique). J’ai passé beaucoup de temps là-bas et découvert l’univers du spectacle, en écoutant toutes les comédies musicales de l’époque. La musique m’entourait, même quand je dormais. Il est incontestable que cette atmosphère m’a donné le goût de la scène. Ensuite, durant les années 70-80, la télévision n’offrait pas grand-chose même si quelques génériques de séries m’ont marqué. J’ai voulu comprendre comment cette musique était faite. Cela m’a poussé à apprendre la guitare et c’est parti. Le jazz est venu plus tard, comme une envie d’aller plus loin.
Pourquoi avoir choisi la guitare puis la basse et la contrebasse ?
La guitare sonnait comme une évidence. J’avais un groupe de rock et on répétait souvent dans des lieux comme le Centre Jean XXIII, mais il nous manquait un bassiste. J'ai donc décidé de transformer ma guitare en basse, une solution courante à l'époque. Puis, Paul McCartney, qui est un génie de la composition, m’a beaucoup inspiré. Après l’avoir beaucoup écouté, j’ai vraiment pris goût à la basse. Quant à la contrebasse, c'est venu plus tard, en réponse à des demandes de musiciens de jazz manouche ou de la Nouvelle-Orléans. Cependant, je suis plus virtuose sur la basse électrique qu’à la contrebasse.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Principalement sur scène. Les rencontres avec d'autres musiciens ont toujours joué un rôle clé dans mon évolution même si je reste attentif aux influences qui se présentent à moi. J’aime aussi une certaine forme de rigueur. Ainsi, j’ai fait plusieurs albums avec des arrangements plutôt élaborés, souvent avec cinq ou six musiciens, sans trop de place pour l’improvisation. Mais il y a deux ans, lors d’un concert en Pologne, j’ai voulu revenir à un format plus simple, un trio piano, basse et batterie, et cela m’a permis de me concentrer à nouveau sur l’improvisation, de réinterpréter certaines de mes compositions, et même d’en créer de nouvelles.
Vous parliez de la scène. Avez-vous un souvenir marquant à ce sujet ?
En 2012, l'agent de Mike Stern, un guitariste américain très connu, m'appelle car il a un trou dans sa tournée et me demande si je peux le programmer sur un ou deux jours. Je trouve un lieu et nous organisons une masterclass le dimanche après-midi, suivie d’un concert le lendemain soir. La jauge a explosé. C’était tout bonnement incroyable. J'ai énormément appris en jouant avec lui. Ce genre d'expérience est inoubliable. Ce qui m’a frappé, c’est que même un artiste de son calibre sait rester super sympa, très accessible. C’est un souvenir marquant, à la fois musicalement et humainement.
Comment arrivez-vous à composer ?
Mes compositions commencent souvent par une mélodie, et parfois des paroles mais elles ne sont pas toujours présentes sous une forme chantée.
Venons-en à la scène locale. Vous avez plusieurs casquettes ?
En effet. D'abord, je suis en charge de la direction artistique de l'association JACP (Jazz au Chesnay Parly 2), ce qui implique de gérer les ateliers musicaux et de m’occuper de la programmation des Mardis du Jazz à la Grande Scène. C’est un travail de production et de coordination. À côté de cela, je suis aussi chef d’orchestre du JACP mais aussi soliste, principalement bassiste, avec aussi un peu de contrebasse. Je joue également avec différents groupes.
Qu'est-ce qui vous attire dans des événements comme les Mardis du Jazz ?
Les contacts directs avec des musiciens. Il y a une vraie demande de la part des talents. J’ai la chance de recevoir énormément de propositions. Ce qui m’attire, c’est de faire émerger des coups de cœur musicaux. Par exemple, pour la prochaine saison, j’ai invité un duo avec lequel j’ai déjà joué. C’est un véritable échange, avec des collaborations qui se créent au fil du temps. Ce genre de soirées permet de tisser des liens, d’élargir les horizons et d’offrir des moments musicaux uniques.
Dans votre quotidien, que vous apporte la musique ?
Elle m'apporte avant tout une grande liberté créative. Bien sûr, il y a des contraintes liées à l’organisation et aux sollicitations extérieures, mais dans l’ensemble, nous sommes respectés en tant qu’artistes. Ce respect mutuel est essentiel. Travailler dans un cadre où ce respect est présent, c’est vraiment important pour moi.