La rue Jean-Louis Forain
Est-ce l’étrange dépaysement qu’offre Le Chesnay au début du XXᵉ siècle : petit village rural à quelques kilomètres seulement de Paris ? Toujours est-il que notre ville a attiré plusieurs peintres : Théodore Géricault, Octave La Villéon, et surtout Jean-Louis Forain qui s’y est même installé à demeure.
Jean-Louis Forain : Illustrateur, peintre et président de la République... de Montmartre !
Est-ce l’étrange dépaysement qu’offre Le Chesnay au début du XXᵉ siècle : petit village rural à quelques kilomètres seulement de Paris ? Toujours est-il que notre ville a attiré plusieurs peintres : Théodore Géricault, Octave La Villéon, et surtout Jean-Louis Forain qui s’y est même installé à demeure.
Les débuts de Jean-Louis Forain
Jean-Louis Forain naît à Reims en 1852. Son père, peintre en bâtiment, s’est spécialisé dans la décoration d’enseignes. Après l’installation de la famille à Paris, le jeune Forain est repéré par le sculpteur Carpeaux (artiste officiel de Napoléon III), qui l’intègre à son atelier en 1869. Mais il est vite renvoyé pour une broutille, tout comme du foyer familial. Il entame alors une vie de bohème aux côtés de Verlaine et de Rimbaud, qui le surnomment "Gavroche" pour son impertinence.
Une immersion dans le monde impressionniste
Forain fréquente assidûment les cafés parisiens Guerbois et Nouvelle-Athènes, repaires des peintres impressionnistes comme Manet et Degas. Il adopte leurs théories sur la lumière et la couleur, et privilégie des sujets issus de la vie quotidienne : spectacles, coulisses, cafés, lieux d’élégance et de plaisir. Son regard est vif, ironique, souvent caustique. Il expose avec les impressionnistes à quatre reprises entre 1879 et 1886, et entre au Salon officiel en 1884 avec Le Buffet. En 1885, il expose Le Veuf, aujourd’hui au musée d’Orsay.
Forain, caricaturiste de son temps
C’est dans la presse que Forain connaît un immense succès. Il publie dans Le Figaro, Le Courrier français, Le Rire, Le Journal amusant. Ses dessins incisifs et ses légendes corrosives dénoncent pendant plus d’un demi-siècle les travers de la société de la Belle Époque : bourgeoisie, parlementaires, juges. Il commente au vitriol les grandes affaires de la Troisième République : Panama, Dreyfus, fiches militaires, complots anarchistes…
Un engagement patriotique pendant la Première Guerre mondiale
Certains de ses dessins patriotiques sont utilisés par l’armée : l’un d’eux, La Borne, est même largué au-dessus des lignes allemandes. En 1915, à 63 ans, Forain s’engage comme inspecteur du camouflage dans une section créée par Guirand de Scévola pour dissimuler l’artillerie sur le front. Il rejoint une unité insolite, composée de peintres, menuisiers, plâtriers, métalliers…
Leur créativité va jusqu’à créer des leurres, filets, faux observatoires, fausses guérites. Cette section du camouflage regroupera jusqu’à 3 000 membres à la fin de la guerre.
La reconnaissance officielle et la fin de sa vie
Après-guerre, Forain poursuit ses chroniques dans Le Figaro, capturant les Années Folles avec son pinceau vif et expressif. En 1923, il entre à l’Académie des Beaux-Arts. La même année, il devient président de la République de Montmartre, une association qu’il a cofondée pour préserver l’esprit villageois du quartier.
Le Chesnay, son refuge
Entre 1909 et 1931, il partage sa vie entre Paris et Le Chesnay, où il a acquis la maison Dutartre. C’est au cimetière du Chesnay qu’il repose désormais, le long de la rue Jean-Louis Forain, qui portait autrefois le nom de rue de l’Église.