Après une vie bien remplie, c’est au Chesnay-Rocquencourt, dans le plus grand des calmes, que Francine Christophe s’est endormie pour toujours.
« Notre mère s’est installée à Rocquencourt en février 1970. Dans une vie très active, Rocquencourt est toujours resté un point d’ancrage et un cocon pour elle et son mari. C’est là qu’elle souhaitait finir sa vie, et nous sommes heureux que cela ait pu être rendu possible. » - les enfants de Francine Christophe.
Une « enfant des camps »
Francine Christophe est arrêtée en juillet 1942 à La Rochefoucault (Charente) par les nazis avec sa mère, alors qu’elles cherchaient à rejoindre la Zone Libre. Interrogée par un commandant allemand alors qu’elle n’a que 8 ans, elle nie être juive tandis que sa mère avoue pour la protéger. Elles sont alors toutes les deux déportées à Bergen-Belsen, où elles connaissent l’horreur des camps de concentration.
Le père de Francine Christophe étant prisonnier de guerre, sa famille a un statut de « non-déportable » selon la convention de Genève. Elle n’ira alors jamais à Auschwitz.
En avril 1945, Francine Christophe et sa mère sont libérées par l’armée russe et reviennent en France.
À son retour, Francine Christophe prend des notes, sur des petits papiers. Ces petits papiers deviendront un livre. Il faudra attendre 1995 pour que son témoignage paraisse pour la première fois avec Une petite fille privilégiée. Le livre sera ensuite adapté en pièce de théâtre. Trois représentations auront d’ailleurs lieu au Chesnay-Rocquencourt, et rencontreront un franc succès : au Théâtre Nouvelle France en 2019 et à la Grande Scène du Chesnay en 2022 et en 2025.
« Elle a soutenu mon jeu en me laissant toute la liberté. C’est grâce à elle que cette pièce a pu être créée. Elle et moi avions un lien affectif très fort. » - Magali Hélias, comédienne
Francine Christophe et Magali Hélias, lors de la représentation d’ « Une petite fille privilégiée » à la Grande Scène du Chesnay, le 21 avril 2022
Un engagement pour la mémoire collective
Son récit, elle l’a partagé jusqu’à la fin de sa vie dans les établissements scolaires, dans les médias, et dans ses ouvrages. Elle a œuvré en faveur de la mémoire collective, en prenant la présidence de l’Amicale des Anciens de Bergen-Belsen, en maintenant son engagement auprès du Mémorial de la Shoah, et en faisant l’honneur de sa présence aux cérémonies patriotiques de la Ville du Chesnay-Rocquencourt.
« C’était une femme au caractère bien trempé, une battante » - Jean-Luc Corne, kinésithérapeuthe
Sa résilience et sa générosité lui ont valu les titres de Commandeur de l’Ordre national du mérite, Officier de la Légion d’Honneur et Commandeur des Palmes Académiques.
« Je garde d’elle le souvenir d’une belle conversation à la fin d’une des représentations d’ « Une petite fille privilégiée », de sa belle énergie, de sa formidable volonté de témoigner, de transmettre. » - Richard Delepierre, maire du Chesnay-Rocquencourt
Plus qu’une « petite fille privilégiée », Francine Christophe était une femme au témoignage rare et précieux, portée par un caractère trempé et une force peu commune. Elle demeurera une figure emblématique du Chesnay-Rocquencourt, et son histoire continuera de résonner à travers le temps.
Retrouvez l'intervention de Francine Christophe à la Grande Scène du Chesnay
Le 21 avril 2022, à l’occasion de la représentation d’Une petite fille privilégiée à la Grande Scène du Chesnay, Francine Christophe et Magali Hélias ont échangé avec le public.




